C’est dingue comme j’ai rapidement terminé ma phase des boîtes de nuit. Depuis que je suis majeur, j’ai toujours fréquenté les boîtes au moins une fois par jour. C’était mon endroit de prédilection pour m’affirmer et laisser libre cours à qui je suis par l’entremise de mes vêtements et de mes mouves de dance. Sur le dance floor et sous les projecteurs, je pouvais être qui bon me semble. C’est dans un club près de la rive de la Garonne que j’ai pris conscience que je suis Manuelle, une femme transgenre hyper féminine, qui bouge bien et qui a besoin d’être reconnue et apprécié.

C’est justement là que le bât blesse. Sur la piste de danse, je n’étais qu’un autre morceau de viande pour ces mecs affamés et en ruth. J’ai eu mon plaisir et j’en ai surpris plus d’un avec mon identité de genre, mais ce genre de rencontre insignifiante ne me dit plus rien. J’ai besoin de plus. C’est pourquoi je ne compte plus me rendre dans une discothèque, du moins pas sans être accompagné pour éviter de me faire trop draguer. Ce n’est pas là que je vais rencontrer l’amour. Je me tourne plutôt vers une rencontre sur le Web, ou encore organique si jamais je suis chanceuse. Mais, je ne me leurre pas et je préfère mettre toutes les chances de mon côté ici. J’ai 27 ans maintenant, je bosse sur Bordeaux, mais habite en périphérie sur Le Haillan dans le 33185. Pour finir, j’avoue chercher un homme qui me fera rire et avec qui je pourrai m’amuser. Or, pas aux frais d’une relation qui me fait grandir.


Dial et rencontre avec Manuelle de Le Haillan